4.5 Pratiquer internet

BPMI – 12/01/2018 – 3

 

Présentation

Ce n’est pas à l’école que nous avons appris à utiliser internet. Nos petits-enfants, eux, savaient utiliser internet avant d’aller à l’école…

Et pourtant, voilà un univers sans lequel il nous est inimaginable de vivre aujourd’hui, et nous avons appris sur le tas, sans plus. Cette fiche veut essayer de mettre quelques réalités en perspective.

1. Un nouvel univers de savoirs et de pratiques

Par internet, nous avons accès à une quantité phénoménale de savoirs. Les outils de recherche nous permettent de trouver réponse aux questions les plus courantes mais aussi à celles plus subtiles et dans tous les sujets. Se pose alors la question de filtrer ces réponses, en particulier dans l’actualité immédiate, pour trier le vrai du faux, et éventuellement le bon du mauvais.

C’est à ce niveau que nous découvrons, enfin, qu’internet est aussi un monde de pratiques particulières. D’abord chez l’internaute parce que, a priori, c’est lui qui pose les demandes. Mais aussi chez les éditeurs de sites. Et nous faisons semblant de découvrir maintenant ce qu’internet nous a toujours appris : nos informations personnelles confiées à la Toile sont siphonnées par des agences spécialisées qui les utilisent moyennant larges finances dans des buts peu avouables. Que 50 millions d’utilisateurs Facebook aient été manipulés à leur insu lors des élections présidentielles américaines de 2017 montre bien la face cachée des pratiques internet. La naïveté n’est plus de mise.

2. Une question d’étique personnelle avant tout

Aux états chargés de notre sécurité et de la défense de notre intimité de faire le ménage chez ces nouveaux escrocs. Mais l’exemple précité montre bien que c’est compliqué.

En revanche, il me paraît urgent d’apprendre à se positionner dans le monde d’internet avec une éthique personnelle.

L’intimité de l’internaute est la question centrale. Et sur ce point, beaucoup, adeptes de la télévision réalité par exemple, ne se posent aucune question. Difficile alors d’envisager une éthique personnelle pour eux dans leur pratique d’internet. Les réseaux dits sociaux jouent sur ces psychologies qui ont besoin de se faire voir pour sembler exister.

Pour autant, les utilisateurs d’internet ne sont pas tous des narcissiques.

2.1 Première règle : discrétion

Avant d’appeler un site, je me pose la question de savoir si ce site ne risque pas, par ma connexion, de me harponner d’une façon ou d’une autre.

Pour un site connu, la question est vite résolue. Pour un site inconnu, je commence ma première approche par une navigation privée. De la sorte je suis sûr de ne laisser aucune trace de ma visite. Aucun cookie ne restera sur mon ordinateur en fin de connexion. Je ne serai pas inondé de publicité indésirable. Je resterai maître de mon univers internet. Tous les navigateurs proposent cette navigation privée. Il faut l’utiliser, je le répète, sans hésiter pour toute première connexion à un site inconnu.

2.2 Deuxième règle : suspicion

Avant de saisir des informations personnelles dans un formulaire, je dois comparer l’avantage résultant de mon inscription à ma situation actuelle sans cette inscription. Internet nous confronte à la question de la sobriété heureuse à laquelle Pierre Rabhi nous invite à adhérer pour résoudre la crise écologique. C’est une question nouvelle, mais déterminante. Ce n’est pas parce que l’information semble disponible à flots que nous devons en profiter. Les serveurs de Facebook consomment autant d’électricité qu’une ville de plusieurs centaines de milliers d’habitants !

Ce premier doute se complète par le souci du devenir des informations que je lâche de cette façon dans la nature. Quand on me demande ma date de naissance, je donne systématiquement une date fausse car j’estime que cette information est totalement inutile à mes honorables correspondants. Ce qui me permet d’avoir des propositions de cadeaux d’anniversaires tout au long de l’année. Je fais de même, sauf cas particulier, pour mes téléphones.

Je refuse pour le moment de livrer les informations de ma carte bancaire à un site. Pour mes achats en ligne, nombreux, j’utilise une carte virtuelle dont le numéro m’est fourni par ma banque à chaque demande pour un montant précis, utilisable qu’une fois. La carte est valide jusqu’au mois suivant, ce qui permet des remboursements par le fournisseur directement. Aucun site (même la SNCF ou Easy Jet) n’est à l’abri d’un piratage des données.

2.3 Troisième règle : faire preuve d’exigence

On peut comprendre que certains sites utiles équilibrent leurs comptes avec de la publicité. Je pense, par exemple, aux journaux, ou encore Météo France. Mais nous avons passé le temps, désormais, de supporter sans broncher ces envahissements publicitaires. Je me plains systématiquement quand la publicité devient insupportable. Si seulement 10% des internautes réagissaient comme moi, la publicité aurait une autre figure sur les sites que nous fréquentons.

Les sites font appel à des gestionnaires de publicité. Il est possible d’accéder aux paramètres en cliquant sur un ◄ affiché en haut de l’image publicitaire. Certains acceptent le paramétrage Refus de toute publicité, c’est très confortable. D’autres proposent le choix de certains annonceurs. C’est mieux que rien.

3. Outils de recherche

Google détient hélas le quasi-monopole des recherches sur internet en Europe. Fort de ce marché, il utilise les historiques de chaque recherche pour dessiner le profil de l’internaute et il fait le tri dans ses réponses en fonction de ce profil. Conclusion : chacun trouve non pas ce qu’il cherche, mais ce qu’il s’attend à trouver.

Il existe un moyen simple de contourner ces manipulations : les super-moteurs hackables. Hackables signifie que ces outils sont en open source et donc accessibles et modifiables par tout le monde (ou presque, vu la technicité en cause). À partir d’une demande de recherche, ils s’adressent aux moteurs déclarés en paramètres et retournent les réponses de tous. Mais au-delà de cette universalité bien appréciable, ils font écran, en particulier à Google car ils ne renvoient aucune indication susceptible de dessiner un profil. Personnellement, j’utilise searx.me que j’ai intégré à Firefox.

4. Développer et favoriser l’open source

Internet, dans sa philosophie de base, repose sur l’échange gratuit d’informations. Pour défendre la liberté d’internet, il est nécessaire de s’engager personnellement sur deux niveaux. Premièrement dans le choix délibéré des outils open source : le navigateur Firefox, la messagerie électronique Thunderbird, le logiciel de transfert de paquets Filezilla, et la suite bureautique LibreOffice. Ces outils sont gratuits, au top par rapport à leurs concurrents. Ils sont multi-plateformes, leur maintenance est fiable et l’aide, efficace.

Pour ceux qui sont un peu plus à l’aise avec l’informatique, il ne faut pas hésiter, suivant les contextes, à choisir un système d’exploitation ouvert à base de Linux. L’utilisation, aujourd’hui, est aussi simple qu’avec un Mac. La seule difficulté, relative, est l’installation en remplacement de Windows.

Le deuxième niveau est celui de l’engagement qui peut être en nature (participer aux forums, apporter son aide) ou financier. Par exemple, l’encyclopédie Wikipédia a besoin d’un soutien financier. Chacun doit donner en fonction de ses ressources et de son utilisation. L’important est de donner ce qu’on peut, au moins chaque année.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *